Faites comme chez vous

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c'est recevant !

lundi 25 février 2013

De vague en vrac

Révoltant
Le gouvernement conservateur a dépensé 55 135$ pour acheter 500 000 petits drapeaux canadiens. Ce montant dépasse la subvention accordée par Patrimoine canadien, en 2012-2013, à trois magazines culturels d’ici: Nuit blanche, Vie des Arts et Entre les lignes. Résultat indirect mais notable : Le magazine « Entre les lignes », (j’y étais abonnée) vient d'interrompre sa publication, faute de financement.  

La critique littéraire
S’il y a quelque chose qui est questionnée, discutée, critiquée, c’est la critique. Avec ce qui est arrivé récemment au Passe-Mot, je suis à l’affût de toute réflexion sur la critique. Il y a des écrivains, dont Mylène Gilbert-Dumas, qui optent clairement pour ne pas la lire, ou d’en prendre connaissance par une personne interposée protégeant ainsi leur précieuse confiance pour les projets du moment. « Et quand on critique son oeuvre, ce sont ses tripes qui réagissent, pas son cerveau. Vient ensuite un effet imprévisible : l'écrivain se met à douter. Du coup, il n'écrit plus, de peur de décevoir un futur lecteur. Le nouveau projet est mis sur la glace le temps que l'écrivain retrouve sa confiance en lui". L’auteure conclut : "Finalement, les seules critiques dont l'écrivain doit tenir compte sont celles de son éditeur, de son directeur littéraire et de son premier lecteur. Tout le reste n'est que bla-bla bon pour l'ego dans le meilleur des cas, mais destructeur pour l'écriture en tant qu'acte de création.

N.B. : Sous le billet d'où j'ai tiré les extraits ci-dessus "Lire ou ne pas lire les critiques, telle est la question", il y a une intervention de l'auteure avec qui j'ai eu un démêlé récemment. 

Tandis que d’autres écrivains font la tournée de la toile à tous les jours pour en découvrir la moindre ligne. Catherine Voyer-Léger, qui vient de sortir le carnet Détails et Dédales, les meilleurs textes tirés de son blogue est probablement de cette dernière catégorie. « Les critiques sont un public, mais un peu plus informé, spécialisé et cultivé que la moyenne (ne serait-ce que parce qu’ils en consomment plus que la moyenne ...). Se faisant il serait dommage pour les créateurs de faire complètement abstraction de leur point de vue. Il faut avoir la panse vraiment pleine pour se priver d’une telle richesse : un regard professionnel, informé, passionné et analytique. » Référence « La labeaumisation de la critique ».
Deux poids, deux mesures.  

Des romans abordables
Vous n’oubliez pas que la maison d’édition Bibliothèque Québécoise (BQ) est là pour rendre accessible des titres de nos auteurs dans un nouveau format. En fait, BQ est l’initiative de trois maisons d’éditions : les Éditions Fides, les Éditions Hurtubise inc. et Leméac Éditeur, actuellement géré par les deux dernières ci-mentionnées. Ces nouvelles parutions rendent l'œuvre accessible de nouveau, puisque fait important, l'oeuvre est replacée sur les tablettes des librairies. Ce sont des titres qui datent de quelques années qui bénéficient d'une seconde vie. Dernièrement, cette maison d’édition a commencé à les porter à mon attention, je les porte donc à la vôtre :
  
10e Combat des livres
Je ne sais pas si vous serez d’accord avec moi mais c’est toute qu’une sélection qui a été dévoilée aujourd’hui (25 février) pour ce 10e combat des livres à écouter à Plus on est de fous, plus on lit ! du 18 au 22 mars :
Les mots pour le dire

mercredi 20 février 2013

Mais qu'est-ce que tu fais là, tout seul ? Pierre Szalowski

Je n’avais pas du tout peur de lire un roman avec un joueur d’hockey comme personnage principal, je savais que l’auteur transcenderait ce rôle pour rencontrer l’être humain derrière le joueur. En ce sens-là, je n’ai pas du tout été déçue. Et contrairement à la première fois que j’ai lu Szalowski, (Le froid modifie la trajectoire des poissons), je savais à quoi m’attendre, aucune déprime ou noirceur en vue, puisque l’auteur est un bonheuraturge.

Martin Gagnon revient au bercail à Montréal, après un échange de club de hockey voici sept ans. C’était l’enfant terrible du club, un incorrigible fêtard qu’on s’est organisé pour évacuer de l'équipe. Il revient fièrement, comme si le temps s'était arrêté depuis son départ, désirant reprendre là où il a laissé avec les amis. Confiant, il arrive la veille de Noël, plus tôt que prévu, atterrissant à l’hôtel Régis, vide de clients. Le personnel l’attend de pied ferme, des consignes ont été données, aucun alcool n’entrera dans sa chambre afin d’éviter à tout prix qu’il fasse du grabuge.

Nous vivrons un vingt-quatre heures avec lui, les interactions ne manqueront pas avec les employés, la femme de chambre, le gérant, le groom. Le hockeyeur est énergique, rebelle, assez bourru et n’a pas l’intention de se laisser mener par le bout du nez par des êtres humains facilement manipulables. Mais ce que Martin Gagnon ne sait pas encore est qu’il va frapper son Waterloo en cette veille de Noël qu’il n’avait pas prévu de vivre seul. C’est lui qui se laissera finalement manipuler par un enfant de sept ans rencontré dans les couloirs. Les mystères s’éclairciront peu à peu, mais la nuit sera dense en décisions et en actions. On sortira de la chambre, ne serait-ce que pour aller sur la glace du forum, échanger quelques rondelles. Cette escapade nous fera rencontrer un chauffeur de taxi, Pierre-Léon, un gentil clin d’œil à l’auteur de Taxi la nuit.

L’ambiance est vaudevillesque, claquements de porte, rebondissements, déguisements, cachette, personnages et actions grossis, volte-face. Je n’ai pu m’empêcher de vivre l’histoire à peu près comme j’assiste à une pièce de théâtre. On parle souvent de l’instinct maternel dans les romans, cette fois, c’est de l’instinct paternel dont il s’agit. Grand bien nous fasse, me suis-je dit. Mais devant la mise en situation peu subtile, j’ai eu beau faire appel à ma réserve de candeur, l’émotion paternelle m’est apparue plus loufoque qu'attendrissante. Le ton humoristique est omniprésent et, bien sûr, comme à chaque fois, je réalise que le rire, c’est assez personnel. Veuillez tenir compte que je ne suis pas un bon public pour cet humour bon enfant de théâtre léger. Le rire ou sourire sont déclenchés assez souvent par l’effet de surprise, laquelle a manqué à l'appel dans mon cas. L’histoire m’est apparue convenue, malgré que Szalowski a l'intelligence de déjouer son lecteur à la fin.

J’ai grincé des dents en découvrant un épilogue très long et qui, d’après moi, outrepasse la définition d’épilogue. Il s’agissait plutôt de la continuité de l’histoire, une fois que la poussière du « 24 heures » s’est déposée. Peut-être que les amateurs d’humour me fustigeront mais j’aurais coupé dans l’histoire, la condensation a bien meilleur goût. Tout au long de ma lecture, j’ai pensé aux jeunes qui aimeront certainement cette histoire ou toute personne qui privilégie la détente, se distraire et entendre parler de ce sport sacré au Québec : le hockey.

dimanche 17 février 2013

La célibataire - India Desjardins & Magalie Foutrier

On m’a fait plaisir à Noël en me donnant la bande dessinée « La Célibataire », texte India Desjardins, dessin Magalie Foutrier. En fait, il me la fallait aussitôt que je l’ai tâtée à la librairie Raffin. Cet album exerçait (et exerce encore !) un attrait irrésistible sur moi par l'aspect extérieur : son format, sa couverture matelassée, ses pastels pimpants. C’est littéralement un coup de foudre !

Je ne suis pas la clientèle ciblée, j’en suis plus que consciente, puisqu’il est question d’une jeune femme que l’on devine dans la vingtaine en quête du mâle idéal. On comprend rapidement que l’héroïne vient de se faire larguer par un bel étalon. La voilà de nouveau sur le marché de la drague, marché dont elle connaît les rouages par le coeur. La jeune femme fonce dans toutes les potentielles occasions de chasse à l’homme. Elle mise sur son enrobage, la voilà donc abonnée au Gym avec des attentes un brin farfelues.

Ces tranches de vie de La Célibataire nous sont présentées en une page, certaines fois, deux. Les planches débordent des situations de la vie courante de la célibataire, vivant sa condition à fond, et misant sur ses atouts extérieurs. Les inconvénients du célibat se transforment en de la matière à rigoler. La laissée pour compte tient absolument à ce que son ex sache qu’elle vit dans l’allégresse depuis leur séparation, ce qui donne lieu à de bonnes risées. Le principal thème de ces amusants sketchs est la résistance à la dépendance amoureuse. Le comportement extérieur de la belle est en complète contradiction avec son intimité en pleine détresse pour trouver un prétendant (ou un remplaçant !) le plus rapidement possible. Elle veut sauver sa face, principalement à sa propre face ! Bien entendu, il s’agit que tu sois célibataire pour que les couples heureux défilent dans ta mire 24 heures sur 24, ce que la couverture représente admirablement bien.

D’où me vient cette affection pour l’œuvre ? La présentation y est pour beaucoup. Et pourquoi pas, puisque le thème est justement l’apparence ! Dès le premier coup d'oeil sur la couverture, ensuite en découvrant l’album en le feuilletant, j’ai apprécié que soit poussé à fond le côté « filles ». On n’y va pas à moitié, c'est entièrement assumé, la meilleure manière de se démarquer est de pousser un genre dans ses derniers retranchements. Les clichés pleuvent et on les exploite sans vergogne. Encore là, le fait que les clichés soient assumés transforme le défaut en qualité. India Desjardins semblant connaître la matière sur le bout de ses doigts arrive à extraire le meilleur du cliché, c'est condensé et donc efficace, ce qui lui donne une force de frappe. Quand il y a un deuxième degré, qu'on se moque subtilement du cliché, je suis preneuse.

Le plus admirable dans cette bande dessinée est l’alliance parfaite entre l’auteure des mots et l’auteure des images. On ne saurait dire qui a influencé qui. On dirait vraiment, magiquement (!), que les illustrations sont apparues simultanément au texte. L’illustratrice a un talent fou d'avoir répondu à cette commande avec autant de brio.

Pour un public averti, prêt à se moquer du célibat au féminin.

mercredi 13 février 2013

Point d'équilibre - Mélissa Verreault

Je l’ai lu deux fois. Comme pour le film que l’on reconnait avoir vu mais dont on ne se souvient pas suffisamment, l’on tente d’attraper des petits bouts pour finir par le regarder au complet. À la différence près que dans Point d’équilibre, il y a onze histoires. Ce n’est pas la première fois que le souvenir de nouvelles d’un recueil s’estompe, une nouvelle effaçant l’autre. Pourtant, j’ai trouvé la plupart de celles-ci excellentes.

On entre directement dans chaque histoire, sans passer par le moindre portique*. Mélissa Verreault nous fait monter dans un train en marche, l’action est en cours, le personnage vit au sommet de ses émotions, lesquelles l’on voit par la suite se déployer, descendre ou monter. Les propos de l’auteure sont contemporains et s’y glissent des flèches visant adroitement nos travers de société. J’ai beaucoup apprécié le naturel avec lequel les personnages décochent des pointes acérées de sarcasme à point nommé : « De toute façon, l’espoir, c’est pour les gens qui croient que la vie a un sens et qu’en suivant la recette à la lettre, le succès est dans la poche. Ceux-là, ils n’ont jamais lu la théorie du chaos, trop concentrés qu’ils étaient sur les pages de leurs magazines de mode ».
Le titre avec ses deux sens est tout simplement ingénieux. Dans certaines nouvelles, c’est le premier sens ou le sens premier : (il n’y a) Point d’équilibre et dans certaines autres, (où est le) Point d’équilibre ? Cela décrit bien les réalités déstabilisantes que l'auteure a désiré aborder chez ses personnages en mouvance. Presque chacune des nouvelles contient deux histoires imbriquées, tout en conservant la concision propre à une nouvelle et c'est, à mon avis, assez méritoire. En plus, les onze s’imbriquent entre elles, ne serait-ce que par un détail, lequel je n’ai pas toujours repéré à ma première lecture. Si je peux me permettre un conseil, à lire d’un bout à l’autre sans interruption !
Je reviens à ce que j’ai déjà écrit, j’attends toujours la fin d’une histoire, les sens aux aguets, et même, parfois, avec une brique et un fanal. J’assène l’auteur de mes recommandations : tu as besoin d’avoir une fin qui ramasse tous les éléments mis en place sinon j’aurai la sensation d’avoir été menée en bateau. Autrement dit, une fin non gratuite. C'est avoué, je suis particulièrement exigeante pour les fins d’histoire et dans Point d’équilibre, il y en a onze ! Bien entendu, il y en a qui m’ont fait un peu maugréer. Disons que j’y ai moins détecté le point d’équilibre.
Quand la fin est tragique à outrance, je me passe la remarque que j’aurais compris sans que l'on en mette autant. Ça fait un peu sensationnaliste. Mais comment leur (à la fin ou à l’auteure !) en vouloir, Madeleine, et Les Épaules d’Atlas ont le mérite de faire réagir. D’autres fins m’ont déçue sur le coup, mais en relisant la phrase finale qui ferme la parenthèse avec élégance et poésie, je me réconciliais. Mais, ce genre de fin s'estompe plus facilement : Over, 37½, Un grain de sel dans la mer morte.
Étoiles de papier est celle dont je me souvenais le plus avant ma deuxième lecture. Peut-être parce que j’ai lu que Mélissa Verreault avait accouché de triplées et qu’on dit ce recueil empreint de son vécu : [...] peut-être à cause du fait que Anne trimbale une vie complète dans son abdomen, tandis que lui, tout ce qu’il peut transporter, ce sont leurs manteaux. Un père patère. La nouvelle, L’inconnu porte un thème fort, bien mené, la peur des inconnus est tangible, le style haletant, cependant la fin pourrait être le milieu.
Dans l'ensemble de ces nouvelles réussies, au style dégourdi et critique, plusieurs personnages partent ou arrivent dans une ville, un pays ou une situation corsée. Ils sont passagers, l’on s’assoit à leur côté le temps de l'arrêt du train dans la gare, l’on décide ensuite de descendre ou de rester avec eux.
Me voilà curieuse maintenant de lire Voyage Léger, le premier roman de l'auteure.
Pour les amateurs de nouvelles, dont je ne suis pas vraiment, ne laissez pas échapper ce recueil.
 *portique : québécisme équivalant à vestibule.

samedi 9 février 2013

Demi Vrac, léger de préférence

Bon, je reprends la plume. Une pause s’est imposée, après un incident non négligeable, sous ce billet-ci (même plus le goût de nommer le titre !). J’ai répondu à une flopée de commentaires débordants d’encouragement pour moi et de surprise devant cette faute de jugement de l'auteure. Et je les en remercie encore, c'est en grande partie grâce à vous que je replonge légère. Paraitrait-il qu’après un accident, il faut se remettre en selle le plus rapidement possible, pour se faire du nouveau vécu j’imagine, même chose pour un incident. Allons-y aujourd’hui avec des sujets légers et plaisants !

De la grande visite
Cette histoire est tombée à un moment où je recevais de la grande visite, @Anne Desocreries. Je la nomme en ces pages, car elle est la lectrice laissant le plus de traces sous mes billets. C’est une fidèle qui se laisse voir. Elle vient de la France et ces jours derniers, je l’ai vue et entendue en « vrai ». Anne est venue visiter ce Québec, qu’elle chérit depuis toujours. Ces visites en chair et en os donnent de la consistance au virtuel, qui prend ses airs de réalité bien ancrée dans l’amitié.

11 à la dizaine


Zone d’écriture a lancé un défi aux auteurs, présenter leur table de travail par une photo accompagnée de mots. Importante participation des écrivains a fait que les jurys, incapables de trancher, ont choisi 11 finalistes au lieu de 10. Ce comité de jurys a confié la tâche à Mélanie Vincelette, éditrice de Marchand de Feuilles et au photographe Maxyme G Delisle, de trancher pour déterminer la gagnante. Celle-ci, Anne Genest a le coin de travail que je préférais, particulièrement pour la description qui l'accompagne. Qu’est-ce qu’elle gagne ? Un iPod Touch et de la visibilité. 


N’aurait été de l’énergie déployée à gérer l’incident déplaisant, vous auriez déjà vu et lu la description de ma table de travail préparé exprès pour vous puisque je suis arrivé trop tard pour participer au Défi

Ma table s’allonge et plus elle s’allonge, moins j’ai de place. Deux lampes, une blanche et une noire, je me tiens au centre. Double sièges, sur l’un deux, j’ai assis mes dictionnaires, sur l’autre, je berce mes idées avant de les coucher. Au dessus de l’écran, une illustration de Benjamin Lacombe et plus haut encore, une carte reçue des Correspondances d’Eastman : « Un ami c’est parfois mieux qu’un livre. Heureusement qu’on peut avoir les deux » - Dany Laferrière. Sur un laminé à gauche, une dame blonde me regarde travailler. C’est moi à quarante ans. Sous l’horloge, celui que j’appelle mon planeur veille à ce que je survole la vie pour mieux en prendre la mesure. Vous voyez le cadre gris à droite ? C’est celui par qui tout commence et tout finit, Marsi, mon amour, qui admire la ville de Québec.

Fâché noir
Pour terminer sur une note purement livresque, et purement esthétique,  Fâché noir de Stéphane Dompierre vient de sortir des Presses de Québec Amérique et c'est un très bel objet. J’ai réagi par des cris d’exclamation devant ce très beau travail graphique, pendant que Marsi admirait, le retournant de tous les bords et de tous côtés. Je trouve important de le souligner, car à mon avis, il est de plus en plus important que l’objet « livre » se distingue. Il a maintenant de la concurrence et une manière de l’affronter avantageusement est de nous faire de l’œil.